Le mot adolescent vient du grec Ad Holos : Ad : qui va vers et Holos : la complétude.
Comme beaucoup de jeunes sont en train d’en faire expérience et comme des nombreux adultes peuvent bien s’en rappeler, l’âge de l’adolescence est une période de changements intérieurs profonds et de contrastes forts avec le monde qui nous entoure.
Il est courant que, pendant cette phase de la vie, parfois de façon abrupte d’autres de manière graduelle, tout ce qui nous a été transmis par notre famille, notre société et par notre éducation dévient, inexplicablement, trop serré, rentrant presque en dissonance avec un désir inusité d’autonomie et de renouveau qui prend place en nous sans que nous puissions dire pourquoi ni depuis quand.
Cet état de l’être est toujours porteur d’émotions fortes, intenses et soudaines, capables d’inspirer parfois des états d’euphorie, de la tristesse profonde ou encore de la révolte vis-à-vis de la réalité telle qu’elle est perçue. Sans oublier de mentionner la sensation de désorientation face aux chemins qui s’ouvrent devant chacun d’entre nous.
Dans ce contexte, tout peut se transformer en motif de discussion ou de passions enthousiasmantes : les deux pouvant se chevaucher et se consommer dans un laps de temps bref mais intense.
C’est le monde des adolescents et des jeunes : où demain c’est trop tard et aujourd’hui c’est trop tôt ; et où tout peut être et doit être changé car obsolète et défectueux.
Lorsque observée d’un point de vue strictement objectif, rationnel et, surtout, normatif, il s’agit d’une période de la vie difficile et déroutante, nécessitant un accompagnement cadrant, contentif et oppositif vis-à-vis des remises en question soulevées et des propositions avancées, car, très souvent, jugées infondées et fanatiseuses.
Toutefois, si l’on observe les expériences vécues et partagées, aussi bien par les relates des jeunes adolescents que par ceux des adultes accompagnant ceux-ci sous différentes casquettes, on peut remarquer que l’attitude restrictive évoquée est communément à l’origine de retombées difficiles à vivre pour les deux factions ; et cela surtout à cause de la fermeture des canaux de communication et d’échange, amenant à la mécompréhension des nécessités et de objectifs profonds de chacun.
La réalité commune se scinde alors en deux mondes distincts et séparés et c’est là où tous les sujets concernés se trouvent à faire l’impasse des trésors qui auraient pu se générer un échange réel entre les outils les mieux maîtrisés dans chacun de ceux deux mondes.
En effet, dans le contexte que l’on vient de décrire il y a des importantes ressources complémentaires à valoriser chez les deux côtés : le renouveau, la curiosité, la rébellion, l’imagination, la créativité, la force et l’enthousiasme pour les mettre en place chez les jeunes adolescents ; et l’expérience, l’expertise, la pondération, la technique, la capacité de réflexion chez les adultes.
Si l’on accepte d’ouvrir notre regard et si l’on prend en considération le sens profond inhérent à cette période de la vie, on peut s’ouvrir à une réalité nouvelle et concevoir cette époque de la vie comme une étape extrêmement riche et positive, car porteuse des graines nécessaires au développent de l’individualité.
Imaginons un peu, qu’est-ce que qui pourrait se produire si, au lieu de marcher sur deux binaires parallèles, toutes ces qualités pouvaient alimenter le même circuit : cela produirait des êtres capables de grandes démarches et de grands buts car l’élan ne s’arrêterait pas aux premières années de l’âge adulte, mais il serait alimenté et réalimenté bien plus longtemps et à plusieurs reprises au cours d’une même vie.
Comme l’étymologie du mot le montre, l’adolescence est un passage vers la complétude, vers le développement du potentiel unique présent en chacun d’entre nous et qui a besoin d’une phase de contrastes pour qu’il puisse être découvert, expérimenté et, finalement, affirmé.
Sous cette perspective, les luttes que le jeune adolescent ressent le besoin de mener (à propos de sujets d’ordre personnel et/ou social) ; les convictions au nom des quelles il assume une position nette, voire parfois excessive ; les valeurs auxquels il choisit de s’inspirer et/ou de rejeter et les groupes auxquels il décide d’adhérer constituent des piliers fondamentaux sur lesquels il pourra s’appuyer pour commencer à bâtir sa propre personnalité, laquelle guidera la création de son chemin et lui permettra de se distinguer à l’avenir.
Comme, encore une fois, il est démontré par l’étymologie du mot employé, la période de la vie qui fait suite à l’adolescence est l’âge adulte, dont le nom vient du latin adultum : participe passé du verbe adolescere, signifiant : complet, abouti.
Pour que nos adultes puissent remplir le rôle que la société attend d’eux et pour qu’ils puissent exprimer pleinement les potentiels dont ils sont dépositaires, il s’avère nécessaire qu’ils aient parcouru pleinement et le plus consciemment et en confiance possible leur chemin en tant qu’adolescents, avec les épreuves et les passages incertaines que celui-ci impose ; et surtout, en gardant, tout au long de leur vie, la capacité d’avoir recours à cette énergie profondément rénovatrice caractéristique de cette période, sans se laisser effrayer par les conflits intérieur et/ou extérieurs dont elle mène à faire expérience parfois.
Ouvrons nos yeux à un regard vraiment holistique de la vie et nous pourrons prendre conscience, de plus en plus, que chaque phase et chaque étape recèle des grands trésors qui attendent d’être découverts et cueillis.
Francesca Scanu
Naturopathe